Hauts Cris (miniature)

L’univers pictural et sonore de Hauts Cris (miniature) de Vincent Dupont se rejoue à  La Commune vingt ans après sa création, dans le cadre du Pavillon Théâtre orchestré avec Philippe Quesne et Les Inaccoutumés. Une occasion rare de toucher aux lignes de fuite de cette pièce emblématique.

Un décor qui utilise la construction en perspective. Un homme – le danseur et chorégraphe Vincent Dupont lui-même – apparaît dans un intérieur clos où tout semble trop petit pour lui. Hauts Cris (miniature) travaille les différentes échelles de représentation. D’un côté, l’homme semble loin, à la fois surexposé et effacé, réel et sorti d’un songe, sous les lumières diffuses d’Yves Godin. De l’autre, les traitements sonores de la respiration et des déplacements – mis en place par l’ingénieux Thierry Balasse –, créent un effet de rapprochement. Le trouble perceptif s’accentue et toute réalité s’éloigne, pour laisser place aux états intérieurs, qui grondent et qui menacent. Bien qu’ayant initié le projet, les alexandrins du poète du XVI^e siècle Agrippa d’Aubigné n’apparaissent pas immédiatement. Une manière pour le metteur en scène d’interroger la place du texte et celle du corps. La pesanteur s’incarne. Ce sont les mouvements ralentis qui donnent du poids aux mots, donnant un autre tempo au temps.