Cold Sweat

La toute nouvelle création de la très réputée compagnie anglaise Forced Entertainment, dirigée par Tim Etchells et qui vient de fêter ses quarante ans, pose ses valises à La Commune pendant le Pavillon théâtre imaginé avec Philippe Quesne et les Inaccoutumés.

Une succession de duos et de solos avec des textes et une création sonore de Tim Etchells.
Des corps déconnectés. Face à l’omniprésence de l’intelligence artificielle, la compagnie poursuit ce qu’elle avait entamé dans sa précédente pièce Signal to Noise. Les interprètes miment en synchronisation labiale des textes préenregistrés par des voix générées par ordinateur. Les corps sont malmenés par ces voix non-humaines, donnant lieu à une succession de situations burlesques qui ne sont pas sans rappeler le travail de Beckett où les héros sont dépossédés de l’action, de la mobilité, et même de leur corps. Ici, pas de héros, mais une écriture sonore et chorégraphique au rythme ténu et à l’ironie mordante. Le travail sur le langage et ses répétitions touche à des histoires et des questionnements liés à une surcharge émotionnelle et physique. La confusion est contenue et les désirs, rêves et incertitudes s’efforcent de s’exprimer. Entre révélation sincère et clichés, quelque chose de réel tente d’émerger, l’interprétation de Forced Entertainment finissant toujours par exposer une crise de la représentation théâtrale. « Tout est une blague, mais rien n’est drôle. Ou tout est drôle et rien n’est drôle », pour reprendre l’intention de Tim Etchells.