Marc Domage

DIVAGATION
Du latin, divagari, de di-vagari voyager en s’éloignant.
(Sens Litt.) Errer ça et là.
(Hydraulique) En parlant d’une rivière. Sortir de son lit pour couler ailleurs.
(Sens fig.) S’écarter sans raison de son sujet. Parler au hasard du cheminement de son esprit.
(Sens spé.). Émettre sous l’effet de l’émotion, de l’ivresse ou généralement d’un état hypersensible des propos aberrants.

Les lignes de failles, qui parcourent aujourd’hui le monde, passent aussi au fond de chacun de nous. À l’heure où les événements semblent comme attisés par des virulences sur lesquelles nous avons perdu maitrise et pronostic, la tendance de chacun est au refuge dans ses certitudes rassurantes et sédatives.
À contre-courant de ces débits d’amertume et de ressentiments, nous voudrions proposer à toutes et tous un lieu resté ouvert la nuit à la complexité de la vie, à la perplexité des choses humaines, aux ravissements énigmatiques de l’existence. Ce, en multipliant les perspectives affectives, historiques, esthétiques sur notre présent.
C’est pourquoi nous avons échafaudé au Théâtre de La Commune, en un an, un foyer d’initiatives et d’effervescence culturelles et artistiques, qui présentera cette saison 8 créations, 18 spectacles et 4 pavillons d’artistes.
Pour divaguer ensemble dans l’espérance de travailler un sillon nouveau et commun.

Frédéric Bélier Garcia

L'histoire du théâtre

60 ans de théâtre public à Aubervilliers

 

UN LIEU

Achevé en 1900, le bâtiment est à l’origine une salle des fêtes construite sur le modèle très « 1900 » de l’orangerie classique, qui accueille alors cérémonies, bals, combats de boxe et de catch.

De 1961 à 1964, dans l’attente d’un vrai théâtre pour la ville, l’adjoint à la culture Jack Ralite et le metteur en scène Gabriel Garran installent le Festival d’Aubervilliers dans un gymnase.

Le 20 janvier 1965, La Commune devient le premier théâtre permanent de banlieue en ouvrant ses portes avec une pièce de Max Frisch mise en scène par Gabriel Garran. Fruit de la transformation du bâtiment par l’architecte Roland Boudier et le scénographe René Allio, elle révèle une salle de spectacle de 600 places.

En 1971, La Commune devient le premier Centre dramatique national en banlieue.

De 1974 à 1976, les architectes Valentin Fabre et Jean Perrottet agrandissent l’édifice à la façon « brutaliste » – agglomérant des blocs cubiques de béton sur certaines arêtes du bâtiment primitif. Cette extension permet de créer un second plateau.

 

DES CRÉATIONS

Premier théâtre public permanent en banlieue, le Théâtre de la Commune a été à la croisée de volontés, d’engagements, de désirs éclatés, de fulgurances spectaculaires et de passions spectatrices. Le théâtre est éphémère, de ces moments charnels, collectifs, il ne reste souvent que les affiches. Elles témoignent d’une époque, de volontés, d’aspirations, elles tendent à incarner un projet.

Après un temps volontaire, anarchique et splendide, les illustrations de Stanislas Bouvier et Marc Daniau marqueront le mandat de Didier Bezace.

Sous la direction de Marie-José Malis, le studio deValence signera l’identité visuelle.

Depuis la saison 2024-2025, l’agence Nuit Blanche conçoit l’identité graphique des spectacles et Pavillons, nouveaux temps forts de La Commune.

 

UN THÉÂTRE D’ARTISTES

L’histoire de La Commune s’est construite avec ses directions, des femmes et des hommes défendant des visions éclatées et éclatantes du théâtre, et un projet ouvert pour le partager, le faire découvrir, pratiquer, évoluer, agir dans la cité.

1965-1984 : Gabriel Garran crée un projet social et artistique au répertoire engagé, interrogeant des thèmes sociaux et politiques.

1985-1991 : Alfredo Arias porte une dimension émotionnelle du théâtre comme art vivant, avec une attention particulière portée à la dimension scénographique et spectaculaire du geste théâtral.

1992-1996 : Brigitte Jaques et François Regnault remettent sur le devant de la scène des auteurs classiques en frottements et contre-points aux écritures les plus contemporaines.

1997-2013 : Didier Bezace revendique un théâtre populaire, mêlant la grande Histoire et l’histoire des gens, mettant en scène les écrivains les plus singuliers du siècle ou des dramaturges inscrits dans leur temps.

2024-2023 : Marie-José Malis défend un théâtre pensé comme moyen de la transformation du monde, où les liens entre la création et la vie de la cité sont étroitement resserrés.

Depuis le 1er janvier 2024 : Frédéric Bélier Garcia a ouvert grand et vite sur un théâtre des autrices et auteurs d’aujourd’hui, s’appuyant sur la mixité des esthétiques et des disciplines, et défendant une diversité vitale des artistes et des publics.