programme de salle

Pièce d’actualité n°16 Güven
conçue et mise en scène par Maxime Kurvers Marie-José Malis et Marion Siéfert
avec Momo Bouri, Güven Tugla

L A MANUFACTURE – PATINOIRE
DU JEUDI 7 JUILLE T 2022 AU MARDI 26 JUILLE T 2022

Entretien avec les artistes

Quand et comment avez-vous découvert Güven ?

Maxime Kurvers : J’ai vu Güven pour la première fois sur scène ! C’était dans La vraie vie, le spectacle que Marie-José Malis avait élaboré avec des jeunes d’Aubervilliers. Et Güven y était stupéfiant de drôlerie, d’invention, d’aisance et d’intelligence scénique. Par la suite, nous nous sommes souvent croisés, de par le travail que Güven exerce auprès de la mairie d’Aubervilliers en tant que caméraman : il est parfois venu filmer des représentations de mes spectacles à La Commune.

Marie-José Malis : La première fois que j’ai connu Güven, c’était en 2014, 2015, on me l’a présenté comme le jeune coéquipier de l’équipe municipale qui venait filmer nos spectacles. Il était complètement patibulaire et ça m’a fait rire. Je le voyais régulièrement pour ces captations et à chaque fois, il avait la même mine à peu près accusatrice quand je le saluais. Il faut donc imaginer ma surprise quand je l’ai vu arriver un matin de l’été 2016 en réponse à une petite annonce que nous avions déposée dans les rues de la ville pour recruter de jeunes acteurs amateurs en vue de monter une pièce d’Alain Badiou. C’est une des quelques fois à Aubervilliers où j’ai eu le sentiment d’avoir décroché le pompon ! Personne ne m’aurait paru plus miraculeux que lui, il était ce que tout le monde rêve d’avoir ; le loustic le plus improbable et le plus bienvenu. Quand je lui ai demandé pourquoi il était venu, il m’a répondu « parce que je croyais qu’il y aurait des filles, Marijojo ! » Mais il n’y en avait quasiment pas et celles qu’il y avait, ils les ont fait fuir ! On a monté cette pièce et tout le monde au théâtre se souvient de cet épisode. Je crois qu’ils m’ont fait passer l’été le plus dingue de ma vie. Ils m’ont rendue chèvre.

Marion Siéfert : Güven jouait dans La Vraie Vie, mis en scène par Marie-José Malis et je me souviens l’avoir remarqué lors de la première du spectacle. J’avais été frappée par la relation très spontanée et directe qu’il parvenait à instaurer avec le public, son sens de la répartie et la manière décomplexée qu’il avait d’habiter la scène. C’était joyeux et culotté à la fois, et je me souviens qu’il n’avait pas particulièrement envie de quitter la scène une fois le spectacle terminé.

Pourquoi avez-vous eu envie de le mettre en scène ? Et pourquoi tous les quatre ?

M-J.M. : J’adore Güven. Il est l’acteur même. Il a ce rapport au jeu qui ne s’explique pas, il est l’acteur populaire par excellence, il a la vitalité du jongleur de Dario Fo, il est Sganarelle, Gavroche, il est le plus beau du théâtre. Comme l’a dit Frédéric Sacard : « tant qu’il y aura des Güven, il y aura du théâtre ». Plusieurs fois avec lui, j’ai eu le sentiment de toucher à l’alchimie pure de notre métier : Güven est fatigué, je n’en sors rien, et je lui dis, allez, illustre-moi ce que tu dis, et tout d’un coup, c’est parti, son intelligence est immense, il sait que le sens est folie, construction, alors les mots deviennent pure matière, les associations sont infinies et géniales, il en fait une machine corporelle, et quand le corps s’y met, qu’il se fait rire lui-même des frétillements que la parole suscite en lui, plus rien n’arrête Güven, c’est une carburation illimitée, tout le théâtre est là. Et moi, je me gondole de rire, c’est mon joujou et je suis éblouie aussi. J’assiste à ce miracle constructiviste : ce gamin sait tout de la machination jubilante et philosophique du théâtre. Pendant le premier confinement, nous venions de jouer à Nancy notre fameuse pièce inspirée d’Alain Badiou. Nous arrivions de tournée et le confinement est tombé. Quand j’ai su que nous allions être enfermés, j’ai pensé à eux, à Güven et à ses amis, et j’ai eu le coeur serré pour eux. Je leur ai donc proposé de faire une chronique vidéo de leur confinement. Je voulais les occuper et surtout, je voulais passer mon confinement avec eux, c’était aussi simple que ça. Et j’avais raison, je leur dois d’avoir rendu mon premier mois de confinement inoubliable, je consacrais un tiers de mes journées à les motiver (le coup de pied au cul distanciel a été l’instrument pédagogique clé) et à monter leurs video. Un soir, Güven a fait une video géniale. Je l’ai regardée et j’ai pensé : il vient de faire quelque chose que seul un maître peut faire. Et je crois qu’il l’a senti. Comme tous les artistes, il a senti que quelque chose au-delà de lui venait de se passer. C’est là qu’il m’a écrit ces messages WhatsApp que je retranscris ici.

Alors, je me suis dit que je ne pouvais pas, moi seule, répondre à cette demande, qu’il fallait qu’il rencontre ce que ce théâtre a de meilleur  et j’ai fait passer cet échange aux artistes associés. Ils ont tous compris et répondu. Ils avaient la même estime que moi pour lui. Et pour moi, en tant que directrice, ce trois pour lui tout seul, ce trois des artistes associés ensemble, c’était comme l’achèvement de beaucoup d’espérances, d’amitié et de pensées sur l’institution. Que cela se fasse grâce à ce môme me paraît maintenant évident et d’une justesse très émouvante. 

M.S. : Pendant le confinement, on avait mis en place des zooms réguliers, avec Marie-Jo et Frédéric Sacard, et les autres artistes associés, histoire de réfléchir ensemble sur la manière dont le théâtre pouvait réagir pendant cette période particulière. Marie-Jo nous a fait part d’échanges qu’elle avait sur WhatsApp avec Güven, qui se demandait pourquoi y avait un tel fossé entre son monde et le théâtre et qui avait envie de refaire un spectacle. On a tous décidé de répondre à cet appel, en tant qu’artistes associés, et de mettre nos forces en commun pour l’accompagner dans ce désir de théâtre. 

M.K. : Un spectacle se construit généralement autour d’un regard, d’une position centrale, celle du metteur en scène. Ici, ce qui m’amuse personnellement, c’est que le rapport soit inversé : nous sommes quatre à tenter de comprendre qui est Güven. En un sens, il est à la fois le sujet, l’acteur et le dramaturge ! Et notre enjeu collectif est à mon avis de rendre justice à sa vitalité et à sa capacité d’invention. 

Güven vous a-t-il immédiatement inspiré ? Qu’est-ce qui vous a marqué chez lui ? 

M.K. : Évidemment son humour ! Et puis Güven a une grande liberté sur scène, liée je pense au fait que, comme il le dirait il « s’en bat les couilles » du formalisme. Il est l’acteur anti-académique par excellence. Son fort désir d’être sur scène est plus fort que toute idée préconçue de ce que le théâtre pourrait ou devrait être. 

M.S. : J’adore la manière de parler de Güven. C’est quelqu’un qui peut sortir une phrase comme « Moi, je suis la réincarnation de Simba, ma caille ». Il a des expressions bien à lui, toujours imagées, originales, qui me font beaucoup rire. Il est impertinent sans être irrespectueux. Drôle et profond. Il est capable d’improviser. Il a une intelligence réelle de la situation théâtrale : pour lui, c’est un endroit où il y a une écoute, où l’on peut formuler ce qu’on ne parvient pas à dire dans la vraie vie.  C’est l’endroit où l’on s’exprime. Cette vision du théâtre me correspond bien. Quand on a commencé les répétitions ensemble, il m’a dit quelque chose qui m’a profondément marquée : « cette pièce, si j’arrive à la faire, c’est pour  montrer une nouvelle image du théâtre, façon 2020, façon cité. Je voudrais redorer le blason du théâtre. À ma manière. Manière 93. Après, je sais pas si c’est possible. On va essayer. Mais pourquoi pas casser les codes. Ça me plairait. » J’ai senti qu’avec lui, on allait faire avancer le théâtre et, en alliant nos forces et nos mondes, combler un peu ce fossé qui sépare le théâtre de la jeunesse d’Aubervilliers. Tout est très cloisonné aujourd’hui, encore plus après la pandémie. Avec les réseaux, on est toujours confronté à des contenus qui nous ressemblent. Rien n’est fait pour encourager les rencontres. Alors, c’est vraiment stimulant de travailler avec Güven dans une dynamique autre et d’échafauder ensemble des passerelles entre des mondes que tout oppose mais qui font pourtant partie de la même société.

Comment s’envisage ce type de mise en scène à plusieurs, avez-vous réfléchi ensemble à une forme générale, ou travaillé chacun de votre côté ? 

M.K. : Nous nous tenons lointainement au courant de nos avancées respectives, mais nous ne découvrirons que tardivement les parties des uns et des autres.Pour ma part, le travail s’est construit essentiellement à partir des discussions que j’ai pu avoir avec Güven sur son rapport au théâtre, et à partir d’une question que je lui ai posée : « Si tu avais le plateau du théâtre de La Commune à ta disposition pendant une heure et demie, qu’aimerais-tu y montrer ? ». 

M.S. : Il y avait cette idée du cabaret, qui permettait à chacun de travailler de manière indépendante et d’assumer des propositions très différentes les unes des autres. Güven est quelqu’un d’éclectique, d’ouvert. Il nous parle de ce qu’il travaille avec les uns et les autres, si bien que l’on a une petite idée de ce qui se trame en répétitions. 

Vous avez tous une manière de ressentir, de raconter, de travailler propre à chacun. Comment se tisse le « fil rouge » entre vos scènes respectives ? 

M.K. : Nous avons parfois évoqué le format cabaret pour ce spectacle ; chacun et chacune ayant travaillé à élaborer une petite pièce autonome pour Güven. Ce qui est à peu près sûr, c’est que ça ne sera pas un spectacle tout à fait linéaire, un « bel animal » aristotélicien ! 

Güven m’a raconté avoir été très impressionné par sa découverte du théâtre expérimental il y a quelques années, et nous n’avons aucun problème à imaginer que le spectacle qui porte son nom le soit tout autant ! 

M.S. : C’est Güven le fil rouge ! Le portrait que nous faisons de lui est forcément éclaté, disparate, contradictoire peut-être même. Enfin j’espère ! C’est tout l’intérêt de faire quelque chose ensemble ! Ne pas chercher le compromis mais trouver une forme qui accueille des propositions très différentes les unes des autres. On n’a pas encore fait de filage, mais ça ne saurait tarder. J’ai très hâte de voir les parties que Güven a élaborées avec Marie- Jo, Maxime et Jérôme. C’est très réjouissant de travailler sur un spectacle avec autant de surprises. 

Vous travaillez sur la même base scénographique. Avez vous attribué le travail de scénographie à l’un de vous ou l’avez vous pensé ensemble ? 

M.K. : Mon point de vue c’est qu’il n’y a pas de scénographie. On mettra sur scène ce que Güven voudra bien qu’on y mette. 

M.S. : Güven avait des propositions, qu’il a d’abord adressées à Maxime et que nous avons accueillies avec enthousiasme. Ensuite, le travail de la lumière viendra également construire l’espace. 

En quoi cette mise en scène de Güven est-elle une Pièce d’actualité ? 

M.K. : En fait, je crois que c’est Güven le premier qui a compris qu’il avait quelque chose à faire avec nous. C’est lui qui, amicalement, a osé demander (à Marie-José tout d’abord, puis la question a été relayée  à l’ensemble des artistes associés) quelque chose du genre : « pourquoi je n’ai pas de place au théâtre ? » ou plutôt « comment vous rejoindre ? ». Et le cadre des Pièces d’actualité s’est imposé pour essayer de répondre à ses interrogations. Généreusement. 

M-J.M. : C’est la Pièce d’actualité par excellence. Parce que la question des Pièces d’actualité adressée aux artistes, c’est : qu’est-ce que le lieu, le fait d’être ici, fait faire à ton art ? Güven, c’est un trésor d’Aubervilliers et Güven, Maxime a raison, est notre dramaturge, notre hôte au sens le plus fort, au sens de Boudu Sauvé des Eaux, celui qui nous oblige à lui faire de la place et à mettre notre travail cul par-dessus-tête pour qu’il soit assez large pour le contenir. Güven nous oblige et il était temps, je dirais. Je le vis ça comme ça, comme un don, à moi modestement car mon affection pour lui est immense et il me fait un bien fou, et comme le don éternel du loustic révolutionnaire au théâtre. 

M.S. : Une fois encore, je vais laisser la parole à Güven : « Si on arrive à se mettre tous les 5 ensemble pour faire cette pièce, à mettre tout ça en place, j’espère que ceux qui viendront de ma part, du quartier, de la cité, auront une autre idée du théâtre. Pour eux, le théâtre c’est plutôt pour les gens issus de la haute société ou de la bourgeoisie, qui viennent de Paris et qui sont là avec leurs manières, leur béret, leurs bottines. Le pont-levis, c’est moi je vais le bloquer. Je vais rester à côté, je vais mettre un bâton comme ça il va plus bouger. Vu que la pièce, elle s’appelle Güven , à travers ma vie, comment je vais la raconter, vu qu’y aura différentes manières, qu’y aura du fantastique, de l’extraordinaire, vas-y, on va essayer de colmater les brèches. On va voir ce qui est possible. » 

Güven, comment avez-vous vécu cette expérience ? 

Güven Tugla : Super bien. C’est vraiment un truc à faire. Je prends ça comme un défi, un challenge. C’est pas tout le monde qui a la chance de faire ça. C’est un peu comme si j’étais l’élu, même si je suis une personne lambda, je ne suis pas une star, juste un mec d’Auber parmi tant d’autres. Mais j’ai la chance d’avoir rencontré Marie-Jo qui m’a fait connaître tout ça. Je ne dirais pas que c’est un rêve parce qu’à la base je ne pensais pas faire ça de ma vie, mais je le fais avec plaisir et on verra ce que ça va donner. Si ça se trouve, grâce à ça, je vais me lancer dans une carrière, donc pourquoi pas ! Je prends beaucoup de plaisir à faire ça. 

Comment s’est passée la collaboration avec les metteurs en scène ? 

G.T. : C’était vraiment marrant à faire. Parce que quatre metteurs en scène pour moi tout seul, c’est un truc de ouf. À la base je ne les connaissais pas, on m’a dit que c’était des gens connus dans le théâtre, respectés dans ce milieu-là. Travailler avec eux c’était bien, chacun a un mode de travail différent. Marion, elle est très pro, très stricte, mais franchement, avec elle on travaille bien et on apprend plein de choses. Maxime, il est super cool, il est sympa de ouf. Et puis, il y a la mentor, la daronne, la baronne même, Marie- José Malik, Marie Janus, Marie Job, sans elle je pense que je ne serais pas là. C’est elle la pièce maîtresse, le pilier central. On se connaît depuis longtemps, on s’entend vraiment bien, et je la connais encore plus maintenant. C’était vraiment du bon temps de travailler avec chacun d’entre eux, j’en garde que des bons souvenirs. 

Entretien réalisé en octobre 2021 

biographies 

Maxime Kurvers, né en 1987 à Sarrebourg en Moselle, vit actuellement à Aubervilliers. Il poursuit des études théoriques en arts du spectacle à l’université de Strasbourg avant d’intégrer la section scénographie de l’École du Théâtre National de Strasbourg (2008- 2011). En 2015, il réalise avec Pièces courtes 1-9 sa première mise en scène, sous la forme d’un programme théâtral qui interroge les conditions minimales de sa propre réalisation. Créé à l’automne 2016, Dictionnaire de la musique prolonge ce questionnement du théâtre et de ses ressources par la présence et l’histoire d’autres médiums. La naissance de la tragédie est un solo pour et par l’acteur Julien Geffroy. Idées musicales (2020) est un récital musical expérimental. Depuis 2018, il travaille sur un projet au long cours, Théories et pratiques du jeu d’acteur·rice (1428-2021), une bibliothèque vivante pour l’art de l’acteur en 28 chapitres. 4 questions à Yoshi Oida (2022) prolonge autrement ces questions d’anthropologie théâtrale. Maxime Kurvers est artiste associé à la Ménagerie de Verre pour la saison 2016-2017, artiste résident à la Saison Foundation Tokyo en 2020 et associé à La Commune CDN d’Aubervilliers depuis septembre 2016. 

Marie-José Malis, native de Perpignan,  est ancienne élève de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm à Paris et agrégée de lettres modernes. Son parcours  est jalonné de rencontres et d’expériences  qui ont forgé son travail et son approche  du théâtre : tout d’abord la lecture des textes et la rencontre avec des oeuvres telles que celles de T. Kantor, K.M. Grüber, A. Vitez, puis son activité de formatrice dans  diverses universités où elle enseigne le jeu  et la dramaturgie. Elle crée et dirige une  licence professionnelle-théâtre à Perpignan,  elle intervient au Théâtre de la Vignette – Université Paul Valéry à Montpellier et au  Conservatoire de Genève. Elle dirige La Commune, CDN d’Aubervilliers depuis le 1er janvier 2014. En 1994, elle fonde la Compagnie La Llevantina, qui a fait l’objet de 1998 à 2002  d’une convention de résidence signée entre la DRAC Languedoc-Roussillon et le département des Pyrénées-Orientales. En 2002, La Llevantina devient compagnie  conventionnée. De 2007 à 2010, La Llevantina est en résidence au Forum de Blanc-Mesnil puis en 2010 au Centquatre. En 2010, Marie- José Malis est accueillie en résidence Villa Medicis hors les murs à New York et à l’École CalArts de Los Angeles. Des partenaires fidèles suivent et accompagnent le travail de Marie- José Malis depuis plusieurs années : le Théâtre  Garonne de Toulouse, l’Échangeur à Bagnolet, le Forum du Blanc-Mesnil, le Théâtre des Bernardines à Marseille, le Théâtre universitaire la Vignette à Montpellier, l’Espal – scène conventionnée du Mans, L’Archipel – scène nationale de Perpignan.  Le théâtre de Marie-José Malis est un théâtre du texte et de la présence. Les acteurs y développent une vérité d’expression particulière et l’espace aussi y est remarqué pour sa densité poétique et sa dimension de théâtralité assumée. La question qui travaille continûment ses mises en scène est au fond la question du devenir du théâtre : comment l’expérience théâtrale, ses qualités propres et uniques, ses conditions matérielles, spirituelles,  peuvent être maintenues aujourd’hui pour  les spectateurs actuels ? Le choix des textes  va avec cette préoccupation : le répertoire  de la compagnie varie entre de grands textes du répertoire et des textes mineurs, poétiques ou théoriques, plus actuels, qui permettent de montrer que le théâtre est un lieu qui organise la pensée du temps, met en  lumière ses déchirures, les conditions de son  courage aussi. Sa conviction est que le vrai théâtre est aussi rare que la vraie politique. La représentation doit redonner à sentir comment ce soulèvement a lieu, ici et maintenant, comment les conditions de la  vraie politique sont rendues aux hommes,  dans la chaleur et le travail du théâtre. 

Marion Siéfert est autrice, metteuse en scène et performeuse. Son travail est à la croisée de plusieurs champs artistiques et théoriques et se réalise via différents médiums : spectacles, films, écriture. En 2015-2016, elle est invitée dans le cadre de son doctorat à l’Institut d’études théâtrales appliquées de Gießen (Allemagne). Elle y développe son premier spectacle, 2 ou 3 choses que je sais de vous, portrait du public à travers leurs profils Facebook. Elle collabore sur Nocturnes et L’Époque, deux films du cinéaste Matthieu Bareyre, également collaborateur artistique sur ses pièces. Elle performe pour Monika Gintersdorfer et Franck Edmond Yao dans Les Nouveaux aristocrates (Wiener Festwochen 2017). Depuis septembre 2017, elle est artiste associée à La Commune CDN d’Aubervilliers. En 2018, elle y créé Le Grand Sommeil, avec la chorégraphe et performeuse Helena de Laurens, programmé à l’édition 2018 du Festival d’Automne ; en mars 2019, Pièce d’actualité n°12 : DU SALE !, un duo pour la rappeuse Original Laeti et la danseuse  Janice Bieleu. Pour cette pièce, elle reçoit le Grand Prix du jury au Festival européen Fast Forward. Sa dernière pièce _jeanne_dark_, créée à l’édition 2020 du Festival d’Automne à Paris, est le premier spectacle pensé simultanément pour le théâtre et pour Instagram. Il obtient le Prix Numérique du Syndicat Professionnel de la Critique de Théâtre, de Musique et de Danse avec une mention spéciale. Depuis 2021, elle est également artiste associée au CNDC d’Angers et au Parvis – scène Nationale de Tarbes. 

Güven Tugla est né Aubervilliers il y a 28 ans. Aujourd’hui, après avoir fait ses études, il vit toujours dans une cité, sa cité, chez ses parents, originaires de Turquie. Caméraman pour la Ville d’Aubervilliers, il met pour la première fois les pieds au théâtre de La Commune dans le cadre de son travail, alors qu’il vient filmer les spectacles pour la ville. Un jour, en réponse à une annonce du théâtre qui recherche des jeunes acteurs amateurs pour monter une pièce, Güven se présente. C’est à ce moment là qu’il commence à faire du théâtre avec Marie- José Malis. Pendant le premier confinement, il se filme et se met en scène dans de courtes vidéos pour La Commune. Marie-José et les artistes associés en sont convaincus : Güven est fait pour le théâtre. 

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conception et mise en scène Maxime Kuvers, Marie-José Malis et Marion Siéfert
avec Momo Bouri, Güven Tugla

création lumière Jessy Ducatillon
création son Géraldine Dudouet
habillage Agathe Laemmel

Güven Antoine
conception et mise en scène Maxime Kurvers
récit improvisé Güven Tugla
musique Teni
remerciements Rodrigo Garcia
durée 20 minutes

Hercule, Güven et Le Bourgeois Momo
dramaturgie, mise en scène Momo Bouri, Marie- José Malis, Güven Tugla
interprétation Momo Bouri, Marie-José Malis, Güven Tugla
costumes Valentine Solé
musique INTRIGUE Call of the heart
durée 35 minutes

Mon daron
texte, conception et mise en scène Marion Siéfert
d’après le récit et les improvisations de Güven Tugla
création lumière David Pasquier
assistanat à la mise en scène Mathilde Chadeau
costumes Valentine Solé
durée 40 minutes

production La Commune CDN d’Aubervilliers spectacle créé le 17 novembre 2021 à La Commune CDN d’Aubervilliers