La disparition volontaire est le choix d’une personne de partir sans se retourner, sans laisser d’adresse.
En France, elles sont des dizaines, chaque jour, souvent des hommes.
Certaines réapparaissent après quelque temps, mais d’autres s’effacent définitivement. Elles refont leur vie, dans l’anonymat ou sous une nouvelle identité, même si leur fuite silencieuse n’a rien à voir avec un acte criminel.
Pour leurs proches, l’absence est un gouffre empli de questions dont les réponses sont suspendues à d’improbables retrouvailles.
L’absence de Jean-Marie de Balma a duré 35 ans.
Vincent Guédon explore ici l’autofiction avec une sensibilité rare, entre enquête intime et fiction troublante. La rédaction de la pièce s’étale de 2012 à 2020.
Tout commence par un premier texte paru dans le journal L’impossible. L’auteur y publie une lettre adressée à un frère disparu presque 30 ans plus tôt. S’ensuit une suite de dialogues avec l’absent, comme autant de rêves hantés pour celui qui reste. En 2018, il est informé par la gendarmerie qu’on a retrouvé son frère mort dans le petit studio qu’il occupait dans un foyer de travailleurs près de Toulouse.
Cet événement va donner lieu à une deuxième série de textes qui documente cette vie vouée à la disparition.
À partir des quelques éléments glanés et d’une rencontre, l’auteur tente de reconstituer un portrait de celui qu’il n’aura pas connu. L’ensemble est son cheminement dans les traces de cette double disparition : l’absence puis la mort.
Sur scène, se succèdent la lecture d’une lettre, des dialogues avec l’absent, le récit de la découverte du lieu où le frère a été retrouvé, une rencontre avec la responsable du logement qui l’a connu, les recommandations d’un gendarme, le rapport d’une infirmière psychiatrique chargée d’évaluer la situation psychique de Jean-Marie de Balma quelques temps avant sa mort et, enfin, le récit supposé des derniers jours du défunt.
Les quatre acteurs et actrices prêtent leur voix et leur corps à ces figures, moins pour les incarner que pour trouver la juste distance qui fera de cette (en)quête une reconstitution fidèle. Pour délimiter ce chantier, le plan du studio où vécut le frère disparu est dessiné au sol.
