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Automne 2026
À la Commune, Centre dramatique national d’Aubervilliers
CONTACT
Marie Charrieau
m.charrieau@lacommune-aubervilliers.fr
Note d’intention
David Teboul est cinéaste documentariste. Dans ses archives, des dizaines d’heures d’images inédites, saisies sur le vif, des moments où sa caméra observe. Des heures de conversations et d’échanges entre des femmes, qui parlent entre elles cinquante ans après avoir survécu aux camps de la mort. Un matériau extraordinaire amassé au fil des ans.
Le travail documentaire de David Teboul est singulier et n’appartient qu’à lui. Il crée ce qu’on pourrait appeler un documentaire d’interprétation, qui fonctionne par association libre, ouvre le sens et déploie l’imaginaire. David Teboul n’interroge pas, ne distribue ni ne donne pas la parole, il la laisse émerger. En plantant sa caméra et son micro, il fournit un cadre dans lequel la prise de parole, au sens fort, violent parfois, peut advenir. Une parole qu’il fait résonner avec l’image dans une approche sensible.
Son projet théâtral s’ancre là, dans ces images qu’il veut faire dialoguer avec l’ici et maintenant de la scène, qu’il veut faire dialoguer avec les mots de Ruth Krüger. Un récit, des mots, des images, des présences, des vies… ce projet choral sera une manière de réactiver au théâtre sa démarche singulière de documentariste.
Un travail documentaire « Rencontres avec Ginette, Judith, Esther, Isabelle ».
Certaines de ces femmes ont aujourd’hui disparu, comme bientôt toutes celles et ceux qui ont traversé les camps de la mort du XXème siècle. Des femmes dont la vie, longue et riche, a été marquée par la déportation à laquelle elles ont survécu. Elles étaient alors des adolescentes, elles sont aujourd’hui des femmes au soir de l’existence, elles ont eu une vie avant les camps et construit un chemin après, des familles, des enfants, des carrières.
De ces rencontres, David Teboul a fait des films et des livres, mais ces images-là sont inédites. Il en fait aujourd’hui un spectacle théâtral parce que la scène est le lieu où l’acte de la mémoire vivante peut s’incarner dans le présent de la représentation, dans sa dimension agissante. Exprimer les mots des autres, c’est l’affaire du théâtre. Pour garder la mémoire des camps nazis, le souvenir vif, c’est-à-dire mouvant et incertain, sans sentimentalisme, et le perpétuer plutôt que de le figer lorsque celles qui se souviennent ne seront plus là.
Y avait-il des fleurs à Birkenau ? part d’un matériau documentaire, projeté sur scène. Une parole vraie qui va s’ancrer dans le présent du plateau, et mettre ainsi au jour le hiatus mais aussi la continuité entre le souvenir de ces femmes et sa nécessaire transmission, pour que cette parole reste vivante et mouvante, pour qu’elle s’incarne, entre réalité documentaire et réalité du théâtre, dans une histoire que nous avons à construire, celle de l’adieu au XXème siècle.
Mise en scène David Teboul
D’après les textes de Ruth Klüger
Avec Monica Budde, Servane Ducorps
Et à l’image Esther Senot, Isabelle Choko, Judith Elkann-Hervé,
Ginette Kolinka
Images de David Teboul
Scénographie (à définir)
Lumière (à définir)
Costumes (à définir)
Production La Commune, Centre dramatique national d’Aubervilliers
Coproduction (en cours)
Remerciements Comédie de Genève, Éditions Viviane Hamy
David Teboul s’est fait connaître du public en 2002 par un diptyque : Yves Saint Laurent, le temps retrouvé et Yves Saint Laurent, 5 avenue Marceau 75116 Paris. Mais c’est en 1997 qu’il signe son premier film : Le Bund a cent ans, sur la mémoire en chanson de ce mouvement ouvrier juif internationaliste.
Ses réalisations cinématographiques sont souvent suivies de publications, comme un prolongement.
En 2001, il s’enferme dans l’atelier d’Yves Saint-Laurent pendant plusieurs mois : Yves Saint Laurent, 5 avenue Marceau 75116 est un regard sur les rituels secrets et le processus de la création dans cette maison, un film sur l’homme et sa mélancolie. Il réalise par ailleurs un film consacré à sa vie et son œuvre et publie un livre de photographie aux éditions de La Martinière en France, et aux éditions Abrams, aux États-Unis.
En 2003, il réalise un portrait intime sur et avec Simone Veil : Simone Veil, une histoire française.
En 2004, il parcourt la Russie et filme le rituel des bains publics dans Bania, une œuvre vidéo sur la mélancolie des corps et la Russie ; le film a été présenté au MoMA.
Il signe en 2007 La Vie Ailleurs, une méditation sur les périphéries françaises : entre fiction et documentaire, le film déploie un paysage de la vie ordinaire en banlieue.
En 2009, il réalise deux documentaires, l’un sur l’artiste contemporain Felice Varini, l’autre sur le photographe ukrainien Boris Mikhaïlov, ainsi qu’un ouvrage sur Boris Mikhaïlov, J’ai déjà été ici un jour, aux éditions Les Presses du Réel en France, et publié chez Hirmer aux États-Unis, dans le cadre de la rétrospective de l’artiste au MoMA et à la Tate Modern.
Plus tard, il réalise une œuvre vidéo pour la Fondation Pinchuk à Kiev, Boris Mikhailov, I was here.
En 2013, il réalise un film sur Brigitte Bardot, Bardot la Méprise.
Après avoir réalisé son documentaire Simone Veil, une histoire française, une relation d’échanges, d’amitié et de travail s’est nouée entre eux deux pendant de longues années.
En juillet 2018, il est l’artiste invité pour son entrée au Panthéon, il crée une œuvre sonore et visuelle en cinq tableaux : Le Kaddish sera dit sur ma tombe, texte et voix de Simone Veil.
En 2019, il signe Sigmund Freud, un juif sans dieu, long métrage tourné en Super 8 sur la géographie de Sigmund Freud, ses correspondances et sa vie.
En 2020, il réalise un film sur l’écrivain et photographe Hervé Guibert, à l’occasion des trente ans de sa disparition : Hervé Guibert, la mort propagande.
En 2022, sortie au cinéma de Mon amour, long-métrage documentaire tourné en Sibérie. Comme dans Bania réalisé 8 ans plus tôt, il aborde ici la relation amoureuse de la Russie d’aujourd’hui et sa relation avec son passé soviétique.
« Il se décentre, s’oublie un peu et compose, à l’autre bout du monde, une petite communauté d’endeuillés. Ce territoire aride, pétrifié dans la nostalgie de la Russie soviétique, semble formuler un paysage intérieur, l’image d’un monde d’après la perte, et qui sied parfaitement à son chagrin. » — Le Monde, Murielle Joudet, « Mon amour : David Teboul en son mausolée de l’amant perdu ».
En septembre 2022, il poursuit son travail avec l’artiste ukrainien Boris Mikhailov en réalisant deux films : Le soviétisme va dans un sens et le sexuel dans l’autre qui aborde la figure de l’homme moyen russe dans le regard de Mikhailov, et Tea, Coffee, Capuccino où il suit les déambulations de l’artiste à Kharkov, territoire de son œuvre aujourd’hui détruit par l’armée russe. Dans ces deux films, on peut voir et entendre le récit d’une vie et d’un monde inscrits dans l’époque par le jeu de la photographie.
En 2022, il réalise un film et un livre choral composés avec les récits inédits des sœurs Jacob qui nous racontent l’extraordinaire amour et le courage de trois femmes au destin exemplaire : Simone Veil et ses sœurs nées Jacob.
En 2024, il réalise Les filles de Birkenau et Truffaut, le scénario de ma vie.
Dans Les filles de Birkenau, David Teboul réunit pour la toute première fois, autour de deux déjeuners, quatre des dernières survivantes d’Auschwitz-Birkenau : Judith Elkán-Hervé, Ginette Kolinka, Esther Senot et Isabelle Choko.
Le film Truffaut, le scénario de ma vie (diffusé au Festival de Cannes 2024) dévoile un projet autobiographique inachevé de François Truffaut. « Là, il s’agit de construire le fil d’une vie et d’une œuvre entremêlées, imbriquées de manière très originale, empruntant tantôt la trame autobiographique, tantôt le chemin romanesque, en s’évertuant à ne garder que la parole de Truffaut lui-même, considérant qu’il fut en quelque sorte l’auteur de sa propre vie. »