mystère du formidable chagrin

Avec Marie-José Malis, nous avons pensé qu’il serait souhaitable d’ouvrir au théâtre de la Commune une section de théâtre auto-actif, pour que des capacités différemment aguerries travaillent de concert à des symbolisations nouvelles autant que nécessaires. Au cours de cette année, de jeunes comédiens et des acteurs de métier ont donc répété chaque semaine, communément. Ils sont cinq à présent, et représenteront à la fin du mois d’avril le fruit de ce travail. On m’a rapporté – je ne sais pas si c’est vrai – que lorsque Meyerhold a fondé son Studio, il commença par s’atteler à une pièce de Maeterlinck : La Mort de Tintagiles.

À sa manière, il m’a semblé que notre propre petit groupe discret a œuvré, à main nues, pour l’advenue d’un nouveau poème théâtral. Ce dernier prend appui sur une sorte de mystère, celui d’un formidable chagrin. Les acteurs y dérobent la possibilité de nouveaux gestes, dont se changer les idées et le corps. Leurs paroles honorent quelque chose de notre mélancolie et de nos amours – toutes choses qui ont trait à notre « infracassable noyau de nuit ». Pourvu que nous quittions ce séjour auprès du négatif, lequel aura duré le temps d’une saison, tous plus dignes d’un seul soupir de Pelléas : « Ah ! Qu’il fait beau dans les ténèbres !… »

Mattei Moreno